LES NOUES PAYSAGEES
SOMMAIRE
1. OBJET ET DOMAINE D’APPLICATION
4. EFFICACITE DES NOUES EN BORD DE VOIRIE
5. HAUTE QUALITE ENVIRONNEMENTALE
8. LA FONCTION DE PARE-VENT (OU BRISE VENT)
14. SOURCE - EXPERIENCE - LIENS
Le
présent document à pour objet d’exposer le principe des noues paysagées. Ce
dernier, appelé aussi « fascicule », fait partie d’un projet
professionnel et a été développé dans le cadre de la soutenance pour le diplôme
universitaire d’Architecture et Techniques pour le Développement Durable à
l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier (ENSAM) en septembre
2006.
Du dictionnaire, « noue » désigne un terrain périodiquement inondé et décrit également une forme géométrique en angle rentrant. La définition qui nous intéresse est la première à laquelle il convient d’ajouter la notion hydrologique à savoir : espace à ciel ouvert, potentiellement multifonction, conçu de façon à pouvoir être temporairement inondé et se caractérisant par une forme longitudinale et un faible encaissement.
Repro-montage :
SRM 2006
Un peu d’histoire : Dans les siècles passés, les biefs, les
bisses, les béals et les béalières, étaient des petits canaux chargés d'amener
l'eau aux roues à aubes ou aux turbines de moulins, de scieries ou d’usines de
tissage. Ils permettaient également d'irriguer les prés et les prairies. Plus
loin encore dans le passé, les Romains, grâce à leurs aqueducs, maîtrisaient
déjà l'art du transport d'eau en suivant les courbes de niveau. Ces techniques
d'un autre age, pourtant propres et renouvelables, ont été trop vite
abandonnées au profit d'autres plus critiquables.
Les noues paysagées comportent pour certaines des biefs. Dans des
secteurs plus ruraux, les biefs peuvent, par prélèvement des eaux de
ruissellement, réintroduisent cette eau dans le sol tout au long du trajet de
façon à reconstituer les nappes phréatiques. Ils participent à préserver les
ressources en eaux et à retarder les écoulements.
Ce "stockage" permet également par filtration et échanges chimiques d'améliorer la qualité de l'eau. Ainsi, l'eau stockée dans le sous-sol pendant les périodes humides est restituée naturellement au profit des cours d'eau pendant les périodes sèches. Les biefs contribuent activement au soutien d'étiage qui correspondant au jour où le débit d'un cours d'eau atteint son point le plus bas dû à une sécheresse forte et prolongée qui peut être aggravée par des températures élevées.
L’actualité
climatique nous rappelle à l’ordre quant à la gestion des eaux pluviales.
L'infiltration de l'eau dans le sol s’affaiblit et le ruissellement de surface
s’amplifie à cause du drainage et de l'imperméabilisation des sols. De plus les
déboisements et les cultures intensives augmentent l'érosion des sols.
La noue est un espace public, confortable et fondue dans
l’aménagement. Il faut donc faciliter leur intégration et leur sécurité. La
longueur de certaines noues et leur pente ne favorisent pas toujours cela. La
noue doit donc être conçue avec un faible encaissement. Trop profonde, la noue
s'insère difficilement dans le paysage et peut être dangereuse pour les
usagers.
Les biefs peuvent jouer un rôle s’ils sont disposés en escalier
afin de ne pas faire de grand encaissement (h = 20 cm). La hauteur de stockage
peut être ainsi de 30 cm sur 10 m de longueur.
Repro-montage :
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Ci-dessus, une noue avec deux biefs de 10m de longueur. On a ainsi limité l’encaissement et gardé le même volume de stockage d’eau sur deux biefs. Dans le cas où il serait conçu qu’un seul bief, l’encaissement serait plus important ainsi que le terrassement.
En concevant chaque bief comme un ouvrage de rétention particulier, avec sa régulation individuelle, il est préconisé d’assurer une répartition équilibrée des eaux sur l’ensemble des noues. Par exemple la noue située en point bas ne doit pas recevoir plus d’eau ou ne se remplie pas plus que celle située en point haut. Pour cela il faut employer des systèmes de puisard, de plaque d’ajutage ou de régulateur de débit.
Ces espaces inondables maîtrisés (et plus encore dans les zones
imperméabilisées) rendent à la nature cette capacité de ralentissement des eaux
de ruissellement en augmentant l'infiltration.
On constate dans les différents types de constructions dit de
rétention une grande majorité d’ouvrages à ciel ouvert. Ces derniers sont mieux
adaptés d’un point de vue technique, paysager et économique. Alors que par
expérience on sait qu’une grande part des ouvrages enterrés souffre d’un
entretien insuffisant compromettant à moyen terme leur efficacité.
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)
A : Accès total
B : Pluie normale accès total
C : Pluie forte, risque d’inondation le trottoir reste accessible
D : Inondation maîtrisée
Dans le cas C : la partie la moins fréquentée s’inonde et
stocke l’eau. Les usagers peuvent encore utiliser le passage piéton ou cyclable
de la noue. Les passants gardent leurs repères et leur confort. Ils sont de
cette manière, tout en restant en sécurité, averti d’un phénomène naturel
pouvant éventuellement progresser.
Ces systèmes de récupération des eaux peuvent jouer un rôle actif
dans la maîtrise des ruissellements, la limitation des crues et des inondations
grâce à des réservoirs tampons ou de stockage placés sur le parcours. Cette eau
stockée pendant les périodes de fortes pluies peut être utilisée plus tard de
diverses manières (petite production hydroélectrique, animation de jeux d’eau,
alimentation de systèmes de rafraîchissement ou de jets d’eau, récupération
d’eau pour arrosage, alimentation en eau de réseaux secondaires pour
utilisation non domestique... )
La noue est en général un espace public. Elle est
végétalisée ou non. Elle peut être en bordure de voirie de plusieurs manières.
Elle est aussi aménagée de multiple façon et peut accueillir ou côtoyer un
cheminement piéton, un trottoir, des bancs, un parcourt de mise en forme, une
piste cyclable etc…
La noue fait partie des zones inondables maîtrisées
telles que les bassins de
rétention qui ont une fonction première réservée à la maîtrise des eaux
pluviales. Mais elle fait aussi partie par exemple des parkings ou places
publiques inondables qui eux ont au moins deux fonctions dont la première est
initiale, le parking, la place, et la seconde une fonction de zone de rétention
d’eau en cas d’inondation.
Ci-dessous, exemple d’ouvrage enterré de noue urbaine. Le dalot
(pré-bassin) est un stockage tampon où vont principalement les eaux pluviales
de la noue (cheminement piéton et pelouse), mais aussi les eaux de la voirie,
voire un éventuel réseau raccordé. Ce stockage tampon se déverse dans le collecteur
public par ajutage (évacuation limitée).
Repro-montage :
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Ci-dessous, régime des eaux de pluie dans le cas de pluie
courante. L’eau, dans le pré-bassin situé en dessous de la noue, peut être
pompée ou dérivée pour stockage à des fins de récupération d’eau et
d’utilisation ultérieure. Ce système enterré permet à la noue de rester
accueillante et de ne pas être oubliée à cause de son inaccessibilité
récurrente.
Repro-montage : SRM 2006
Les zones inondables ne retiennent de l’eau que lors de pluies
importantes. Dans le schéma ci-dessous, l’ouvrage est inondé et maîtrisé lors
de pluies exceptionnelles (de manière générale, tous les dix ans mais
aujourd’hui cette notion est à prendre avec plus de pragmatisme selon les
régions). Le système permet de « jouer » avec l’inertie des stocks et
des réseaux. Bien sûr le calcul des volumes de stockage doit être pertinent en
prenant compte la pluviométrie des régions, le traitement des eaux, les
éventuels systèmes de récupération d’eau, etc…
Repro-montage :
SRM 2006
La partie trottoir de la noue peut être pavée par exemple.
L’aspect visuel est important mais l’on cherche aussi à ce que cela soit
antidérapant. Une noue doit fournir un
sentiment de sécurité (prévoir un accès handicapé avec rampe) et une sensation
de bien être.
A ce titre il est indispensable de communiquer sur la noue elle-même et sur sa zone (petit panneau d’information). Les usagers doivent être sensibilisés sur son fonctionnement. Il est probable qu’ils la respecteront d’autant plus et se l’approprieront avec plus de responsabilité.
Repro-montage :
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Dans les zones inondables maîtrisées on peut citer également les cours d’écoles, les terrains de sport
ou de jeux, les parcs, les trottoirs et les toitures-terrasses.
Le surcoût à la construction engendré par ces zones
inondables maîtrisées et végétalisées est réel.
En revanche, les critères sociaux et
environnementaux, leur efficacité, leurs effets sur l’environnement naturel et
urbain, leur aspect multifonction, leur appropriation par la population font
pencher la balance en leur faveur sans la moindre hésitation. Ce n’est alors
plus qu’un choix de politique ou de budget.
Comme toutes techniques de rétention d’eau, les noues paysagées relèvent du plan masse. Appuyées par le maître d’ouvrage, elles doivent donc être déterminées en phase programmation.
Repro-montage :
SRM 2006
Concevoir des systèmes de stockage et de régie d’eaux pluviales
demande un travail en amont afin de connaître les événements de la région, les
bassins versants, la pluviométrie locale, ses cours d’eau, la topographie du
terrain environnant et voire son hydrogéologie, son histoire climatique etc…
Ceci permet de concevoir un ensemble pertinent et répondant aux spécificités
locales.
Il faudra aussi déterminer la qualité des eaux gérées (boue,
sable, types de polluants…).
L’aspect hydrologique doit être étudié avec soin. Une répartition
équilibrée de l’eau dans les différents ouvrages, une fréquence de remplissage
déterminée à l’avance, une durée d’inondation réduite dans le temps, impliquent
l’emploi de principes simples mais à mettre en œuvre avec soin.
Pour les alimentations en eau, lorsqu’une noue dispose d’un
pré-bassin enterré, l’alimentation peut se faire par collecteur ou par
caniveau. Le caniveau est à privilégier pour des raisons hydrauliques.
Ce dernier peut être un élément structurant et valorisant du
paysage, moins coûteux qu’un réseau enterré, facile à entretenir. Ainsi le
caniveau peut être aussi la prolongation paysagère de la noue urbaine.
Autre aspect, le passage entre la noue et un espace traditionnel
urbain doit être le plus harmonieux possible. L’art de fondre cet espace est de
le dissimuler tout en tenant en alerte les usagers du fait que la voirie est
tout de même une zone à risque lors de sa traversée sur le passage piéton.
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Les noues ont un rôle supplémentaire, celui de
« dépolluant » même si ce terme est à prendre avec distance. En
effet, dans une certaine configuration, la noue peut assainir en grande partie
les eaux souillées des voiries. Cette caractéristique est activée lors des
pluies. Les substances (hydrocarbures, graisses des véhicules et autres
polluants routiers) répandues sur la chaussée se trouvent balayées sur le bord
de la voie et pénètrent dans la noue.
Les eaux entraînées se déversent sur la noue et s’infiltrent. Pour une exploitation normale de voirie
urbaine, 80% des substances drainés par les eaux pluviales de la voirie sont
dépolluées sur les 20 premiers centimètres de la noue.
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)
La voirie est directement au contact de la noue par un étroit interfaçage en bande ressemblant à un collecteur ou caniveau horizontal en pièces préfabriquées ou en pierre. Divers systèmes extrêmement simples peuvent être éventuellement pensés en fonction de la prestation qu’on veut lui donner comme filtrer certains petits objets.
En revanche, un espace public se doit d’avoir un état sanitaire correct voire même une hygiène irréprochable. Pour ces ouvrages à ciel ouvert, certains opteront pour un système de canalisations récupérant les eaux pluviales de la voirie chargées en hydrocarbures. Ce système peut être séparé du système de récupération d’eau effectuée sous la noue. Récupération d’eau étant destinée à l’arrosage.
En cas de très forte pluie ou en période de crise, la noue joue
sont rôle de stockage tampon d’eau en fonction de la configuration que l’on lui
a donnée. Dans ce cas la zone de cheminement piéton ou cyclable reste ainsi
encore accessible.
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)
Les eaux provenant des espaces non pollués (toitures, terrasses,
parcs ou jardins) doivent être débarrassées de leurs flottants et, si possible,
décanter en premier lieu dans les ouvrages enterrés. Ceci permet à l’eau de
paraître dans les systèmes à ciel ouvert sous un meilleur aspect.
Même si cela ne fait pas partie intrinsèquement du bâti, les noues paysagées faisant partie de la gestion des eaux pluviales, cela peut répondre aux cibles 5 - Gestion de l’eau et 14 - Qualité sanitaire de l'eau de la démarche Haute Qualité Environnementale.
Lors de la conception, les plantations doivent faire l’objet de
simulations afin de percevoir l’évolution future (5, 10, 20 ans) d’occultations
ou de masques qu’elles peuvent engendrer. En effet, certaines essences plantées
et ayant 1m de hauteur à l’origine du chantier peuvent mesurer 5 ou 15m de
haut 10 ans après.
Il est indispensable de concevoir l‘évolution des noues et
l’impact qu’elles peuvent avoir une décennie plus tard. Notion importante car
si l’on utilise des énergies renouvelables comme le solaire, il est souhaitable
que son exploitation de ne soit pas invalidée au cours de son exploitation.
On
peut maintenir éventuellement les arbustes dans un volume relativement
restreint en pratiquant une taille de raccourcissement au sécateur (pas avant
la troisième année). De même qu’il est important de réfléchir aux essences avec
pertinence, il est essentiel de penser à l’évolution des sols modifiés en
général par les racines (grossissement, chemin parcouru) et au volume utile de
terre pour une pérennité de la zone. En effet on voit mal un arbre adulte tenir
sur 30cm de terre.
Lors du choix de la végétalisation de la noue ou d’une partie de
la noue et selon l’endroit, il est intéressant de s’arrêter sur les types
d’essences et de végétations envisagées. Dans l’objectif de participer à
attirer la faune sur ces sites, voici quelques informations :
Un verger (pommiers, poiriers et pruniers) permet, l'hiver, de
nourrir les merles et les grives. L'été il abrite mésanges, pinsons, sittelles,
roitelets huppés.
Un bosquet naturel et sauvage réalisé avec des buddleias,
cotonéasters, pyracanthas, spirées, forsithias, weigelias... est utilisé par
les oiseaux toute l'année. Refuge et source de nourriture l'hiver, il héberge
de nombreux insectes dès les premiers jours du printemps... jusqu'à l'automne.
L’implantation végétale donne à l’aménagement un aspect naturel.
Elle s'insère dans les paysages en apportant une diversité de couleurs et de
textures ainsi qu'une variabilité selon les saisons. La fraîcheur propagée par
l’humidité et l’ombre donne un atout supplémentaire.
Les zones destinées à avoir une fonction de « prairie
fleurie » sont, l’été, le repaire diurne des sauterelles, grillons et
papillons. Ce lieu devient le terrain de chasse des grenouilles au crépuscule.
La diversité des végétaux permet aussi une grande résistance aux maladies et
limite ainsi l'utilisation de produits phyto-sanitaires, ce qui va dans le bon
sens.
Cette fonction pour les noues paysagées est peut être aussi à
envisager. Il est important de savoir qu’un mur végétal semi-perméable au vent
freine ce dernier et filtre ainsi l’air. Un écran végétal complètement opaque
créé des turbulences à l'arrière du mur. En général l’écran semi-perméable est
encore actif sur une longueur d’environ dix fois sa hauteur.
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)
En climat méditerranéen, il est préférable de prévoir un arrosage
régulier des plantations pour obtenir des résultats dans un délai raisonnable
(entre 3 et 5 ans). Au bout de trois ans, la plante est autonome.
Nom
français |
Nom latin |
Feuillage |
Hauteur |
Croissance |
Observations |
Aulne
de Corse |
Alnus
cordata |
|
12 m |
rapide |
Feuilles
en cœur |
Charme
houblon |
Ostrya
carpinifolia |
|
10 m |
moyenne |
Fruits
décoratifs |
Chêne
blanc |
Quercus
pubescens |
|
8 m |
lente |
Feuillage
marcescent |
Chêne
vert |
Quercus
ilex |
|
6 m |
lente |
Très
résistant à la sécheresse |
Erable
à feuilles d'Obier |
Acer
opalus |
|
10 m |
moyenne |
Très
tolérant |
Erable
champêtre |
Acer
campestre |
|
10 m |
rapide |
Rustique,
haies compactes |
Erable
de Montpellier |
Acer
monspessulanum |
|
8 m |
lente |
Jaune à
rouge en automne |
Févier
inerme |
Gleditschia
triacanthos "inermis" |
|
12 m |
rapide |
Feuillage
fin composé |
Frêne
à fleurs |
Fraxinus
ornus |
|
8 m |
moyenne |
Fleurs en
grappes |
Noisetier
de Byzance |
Corylus
colurna |
|
6 m |
moyenne |
Exposition
ensoleillée |
Olivier
de Bohême inerme |
Eleagnus
angustifolia "inermis" |
|
5 m |
rapide |
Feuillage
argenté, dense |
Olivier
pyramidal |
Olea
europea "cypressino" |
|
6 m |
moyenne |
Elégant,
sol caillouteux sec |
Robinier
pyramidal |
Robinia
pseudacacia "pyramidalis" |
|
15 m |
rapide |
Feuillage
fin |
Troène
du Japon |
Ligustrum
japonicum |
|
10 m |
moyenne |
Port
compact, sombre |
|
caduc |
|
semi-persistant |
|
persistant |
(source
AME)
Nous savons que le pollen des plantes et des arbres, qui sont une
richesse de notre environnement, peut parfois induire des maladies appelées
"pollinoses". Depuis les années 1970 les consultations médicales ont
augmenté pour ce type d'allergie au printemps et en été, on observe
l'apparition de symptômes à des époques inhabituelles jusque là (en hiver ou en
automne) et l'allongement de la durée des symptômes.
En parallèle, des progrès importants ont été faits dans la
connaissance des différentes essences végétales impliquées, sur leur période de
pollinisation, et sur les propriétés des différents pollens.
Les paysages méditerranéens sont réputés pour leur richesse et
leur diversité traditionnelle qui participe à une certaine qualité de vie. Or,
ces dernières décennies, suite au développement d'une urbanisation composée de
maisons individuelles et de lotissements, on assiste à la multiplication de
haies de clôture très souvent constituées d'une seule essence (cyprès, laurier-amande,
pyracantha, thuya...).
Dans la même période, il a été constaté dans les secteurs urbains
et péri-urbains une augmentation sensible des allergies aux pollens d'arbres,
essentiellement aux pollens de cupressacées (cyprès, thuya...). Ceci nous
conduit à nous interroger aujourd'hui sur nos habitudes et nos pratiques dans
le choix des végétaux que nous plantons.
Certains végétaux proposés, s'ils ne présentent pas de risques
allergènes, peuvent être légèrement toxiques (classés selon un degré de
toxicité de 1 à 3 - faible à fort) s'ils sont ingérés.
Végétaux |
classe |
Clématite : tous les
éléments, feuilles, fleurs, racines... |
1 |
Baguenaudier : graines, feuilles |
1 |
Chèvrefeuille : baies |
1 |
Laurier amande : feuilles,
bourgeons, écorce, graines |
1 |
Robinier faux acacia : écorces, fruits,
graines |
1 |
Glycine : fruits, rameaux,
racines |
1 |
Laurier rose : tous
les éléments |
2 |
Fusain : tous les éléments
surtout les fruits |
2 |
Genévrier : jeunes pousses |
3 |
(source
AME)
Les noues n’impliquent pas d’entretien particulier si ce n’est
l’entretien classique des espaces vert et en tant qu’espace public, elles
profitent de l’entretien consacré aux lieux de circulation.
Dans certaines circonstances une attention particulière doit être
portée sur l’exploitation du lieu. Il est sera donc important de veiller à ne
pas diriger vers ces zones des eaux boueuses, sableuses voire polluées. La
maîtrise d’œuvre doit tenir compte de cet aspect lors de la conception car
malgré la faculté de « nettoyage » qu’apporte la noue, elle ne peut
pas tout dépolluer.
Pour certaines noues paysagées à caractère brise-vent, hormis
l'arrosage les trois premières années et éventuellement en cas de sècheresse
exceptionnelle, l'entretien de ce type de haie quasiment nul car aucune taille
n'est nécessaire. L'absence d'entretien lourd peut compenser largement
l'investissement de départ.
Les ouvrages enterrés accompagnant les noues nécessitent un curage
régulier. Faire en sorte de formaliser un entretien préventif. Cela coûte
toujours moins cher que le budget des dégâts et réparations après crise.
La végétalisation n’a aucun effet sur l’absorption des ondes
sonores. Sur une longueur donnée d’arbres, il faut que sa largeur soit de 10m
pour atténuer le son d’1dB ! Pas très efficace.
Le seul effet est psychologique et parfois cette notion n’est pas
forcément négligeable au contraire ! Le fait de voir des arbres entre la
route et son habitation, l’homme perçoit, d’un aspect psychologique, moins les
nuisances sonores.
On
trouve facilement aujourd’hui les coefficients de conductivité thermique et
capacité calorifique de la plupart des sols et de matériaux de construction. Certains sont directement intégrés dans des logiciels de
thermique.
L'eau et la matière organique se distinguent par une capacité
calorifique supérieure à celle des éléments minéraux (tableau ci-dessous). Un
sol humide emmagasinera mieux la chaleur qu'un sol sec, effet parfois utilisé
pour accroître la performance d'échangeurs air/sol.
Propriétés thermiques des principaux constituants d'un sol |
||
matière |
cap. calorifique c, kJ/K.kg |
cap. calor. vol. rc, MJ/K.m3 |
minéraux (moyenne) |
0.80 |
2.10 |
matière organique |
1.90 |
2.47 |
eau |
4.20 |
4.20 |
source :
thèse Hollmuller
En plus de ses atouts esthétiques et assainissant, on peut apporter à la noue paysagée une « touche » de récupération de chaleur urbaine ambiante de part sa capacité à emmagasiner la chaleur à l’état humide.
On rappel que le réchauffement printanier d'un sol sera d'autant plus lent que sa teneur en eau et sa teneur en matière organique seront élevées.
Par ailleurs, pour un sol sec, ce réchauffement sera d'autant plus rapide que sa porosité est grande.
De ce fait pour les zones de la noue plus végétale, il faudra penser à un drainage efficace à la sortie de l'hiver. En effet un réchauffement accéléré du sol permet un démarrage plus prématuré de la flore et en prolonge la période, ce qui favorise le développement des plantes. Cela fait partie de la gestion des espaces verts.
Le drainage ainsi pensé peut être dirigé (voire avec cuve tampon) vers les zones moins ou non planté pour y favoriser la captation de chaleur ambiante.
D’autre part l’eau peut être utilisée comme moyen de rafraîchissement.
La conductivité thermique d'un sol dépend de sa composition
(teneur en matières minérales et organiques, voir tableau ci-dessous) mais
aussi de la manière dont il est formé ou arrangé. Il ne faut pas oublier la
teneur en eau ainsi que sa teneur en air (faiblement conducteur).
Conductivité thermique des principaux constituants d'un sol |
|
matière |
conductivité λ en W/K.m |
minéraux (moyenne) |
2.90 |
matière organique |
0.25 |
eau |
0.585 |
source :
thèse Hollmuller
La capacité thermique cs d'un sol s'exprime par une
moyenne pondérée des capacités calorifiques respectives de ses constituants
(minéraux, matière organique, air, eau) :
où ci, ri, ci
représentent respectivement la teneur (en m3/m3 total),
la masse volumique et la capacité calorifique d'un des constituants.
Le sol apparaît ainsi comme conducteur de chaleur d'autant
meilleur qu'il est humide (voir ci-dessous).
Conductivité thermique λ de quelques
sols en fonction de la teneur en eau
source :
thèse Hollmuller
On remarque une nette différence de conductivité thermique entre
le sable et le limon. Les sols argileux sont assez éloignés du sable, donc peu
conducteurs.
En principe, la conductivité thermique varie dans l'espace et dans
le temps, notamment en fonction des variations de teneur en eau par migration,
celle-ci ayant alors pour conséquence d'accélérer encore le transfert de
chaleur par effet convectif.
Dans l’absolu et avec ce que l’on vient de voir, il
peut être pensé un système de transmission de chaleur par les sols afin
d’éloigner voire d’absorber les poches de chaleur urbaine.
A l’inverse en fonction de la nature des sols il peut
être envisagé de capter de la chaleur solaire en hiver. En périphérie de bâti
(école, hôpitaux, maison de retraite) faire une zone plus confortable et
diminuer les énergies de chauffage du bâti. Dans ces cas penser à l’alternance
été-hiver.
Si l’on considère ce chapitre de thermique des sols,
on peut parvenir à toucher des cibles de confort hygrothermique extérieur voire
de qualité sanitaire de l'air extérieur.
A ne pas confondre avec la cible n°8 - Confort
hygrothermique et la cible n°13 - Qualité sanitaire de l'air, de la démarche
Haute Qualité Environnementale qui appartiennent au domaine
« environnement intérieur satisfaisant » puisqu’on parle de bâti et
pas nécessairement d’aménagement.
http://fr.ekopedia.org (encyclopédie libre)
http://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2002/HollmullerP/these.html
Thèse
sur les échangeurs d'air géothermique avec données sur la thermique des sols.
http://www.ame-lr.org/publications/sante/paysage_pollens/index.html
Agence Méditerranéenne de l’Environnement (excellent site Internet). On y trouve notamment le
calendrier des émissions polliniques de la région de Montpellier et des
exemples de diversification végétale des haies en climat méditerranéen.
« Techniques
alternatives en assainissement pluvial »
Alfakih E. , Azzout Y. , Barraud
S., Cres FN, Techniques et Documentation – Lavoisier, 1994, Paris
http://perso.orange.fr/biefs.dupilat L'Association des Biefs du Pilat
http://www.passionbassin.com (un des
sites de référence sur le thème du bassin de jardin)
-
Parvis de l’Hôtel de Ville de Bruges (33)
-
Place Basse, le Quartier Pleyel à Saint-Denis (93)
« Les
noues urbaines ». Conseil Général
de Seine-Saint-Denis DEA -
BP 193 93003 Bobigny
Cedex Tél : 01.43.93.93.93
« Les
noues urbaines » : recensement et analyse des expériences
Etude
de faisabilité dans le cadre de la ZAC Nauzal Chaudron à Saint-Denis – DEA,
Conseil Général Saint-Denis (93)
☺FIN